Dénoncer, oui. Crucifier, non.
- S Y L V I A
- 11 juil. 2020
- 3 min de lecture
Il ne pleut pas beaucoup dernièrement, le temps est sec et lourd. Mon gazon se meurt à petit feu. Ironiquement, il mouille à boire debout dans mon écran d'ordi récemment, pis les âmes se meurent quand même de sécheresse pis de lourdeur. C'est mal fait pareille des fois.
D'abord, faut savoir qu'il n'y a pas plus neutre comme fille pour prendre position. Les victimes ne pourront pas me reprocher de ne pas avoir bu de leur eau, ayant été abusée, intimidée et agressée plus souvent qu'à mon tour. Les fautifs ne pourront pas non plus me cracher des insultes au visage, ayant probablement moi-même déjà eu des comportements douteux lors de beuveries passées. Un n'explique pas l'autre. Un ne justifie par l'autre non plus. Ce que j'essaie de te dire, c'est que nul n'est mieux placé pour débattre d'un sujet que celui ou celle qui a chaussé les deux paires de ces souliers abîmés.
J'en peux plus du monde qui choisisse un camp, comme si tout était blanc ou noir. Y'a du gris dans vie mon chum, y'en a en maudit à part ça. C'est super que tu partages tes savantes prises de conscience ou tes opinions un peu maladroites, mais que tu imposes tes idées à grands coups de dégradation et de fermeture, ça me crisse en bas d'ma chaise carrément. Viens me dire que tu n'as jamais trop bu, trop divagué ou que tu as manqué de self-control, j'te croirai pas anyways. À ce point, tout le monde peut reprocher des actes ou des propos déplacés, parce que mon jugement de ce qui est wrong ne l'est peut-être pas pour toi. Je ne banalise pas les dénonciations et je n'aurai jamais cette ignorance. T'as pas le droit d'être une marde parce que t'es en boisson. T'as pas le droit de dépasser les bornes du consentement parce que t'es rich & famous. T'auras jamais le droit d'être au-dessus de la masse pour assouvir tes plus bas instincts, no fucking way. Ce que je me tue à t'expliquer, c'est que la fine ligne qui détermine le bien du mal ne t'appartiens pas à toi, ni à l'autre.
Y'a une chose qui existe pour juger de la véracité des allégations de quelqu'un pis ça se nomme un tribunal. Pas Instagram. Pas Facebook. Pas le bûcher des sorcières des temps modernes. Y'a du monde formés qui y oeuvrent courageusement pour que les coupables soient punis et aux yeux de qui ces situations-là sont toutes ce qu'il y a de plus sérieuses. Oui, il arrive que la justice l'échappe. C'est juste que comme toi pis moi, ils ne sont pas parfaits. Pourtant, t'indigner et allez au front sous seule arme des ouïes-dires, c'est presqu'aussi lâches que les comportements que tu dénonces avec toute ta hargne. Je dis bien presque et je ne cautionne pas les agressions sexuelles - avant que tu t'embrouilles les pinceaux de mes propos.
La faiblesse des réseaux sociaux, c'est qu'on interprète bien ce que l'on veut comme on le veut. Pis un coup que la machine est ouverte, y'a plus grand chose à faire pour freiner l'engrenage. Les réputations seront salies à jamais et les plus plates excuses seront bien pâles pour frotter les tâches laissées par l'opinion publique.
Continuez de dénoncer, mais de grâce, faites-le de la façon la plus intègre possible. Ne vous rabaissez pas a alimenter les ragots, alors que les gestes posés parleront d'eux-mêmes. La vérité, oui. Mais la vérité au détriment de la présomption d'innocence, non. #DÉNONCERSANSCRUCIFIER
La quote "je vous/te crois" est valable des deux bords me semble. Pour que ça fasse du sens.
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